2 au 8 juin 2024 : Séjour à Tautavel (Pyrénées Orientales)
En ce début juin 2024, 24 membres du TPB se sont donné rendez-vous dans le petit village de TAUTAVEL situé entre Corbières et Méditerranée au cœur des vignobles du Roussillon, en plein pays cathare, pas très loin de Perpignan. Au programme, 6 jours de randonnées sur des sentiers parfois escarpés et rocailleux, quand il s’est agi de « conquérir » les châteaux de Quéribus et de Peyrepertuse, deux châteaux occupés par les Cathares aux XII-XIIIe siècle, forteresses haut-perchées sur leur nid d’aigle quasi imprenable. L’hébergement se situait dans le village de vacances Torre del Far (groupe Cap France), tout près du centre de Tautavel. Nous avons été accueillis magistralement par le sympathique et dynamique Fred …. à la voix de basse tonitruante ! Les bungalows de 4 personnes, fonctionnels (et proches de l’entrée), les parties communes, la piscine, les excellents repas, etc... ont été particulièrement appréciés. Tautavel est mondialement connu, notamment par les préhistoriens comme lieu de découverte d’ossements préhistoriques dont le crâne de « l’homme de Tautavel » (crâne Arago 21), daté d’il y a 500 000 ans, soit de l’époque pré-néandertalienne.
Merci à Christine pour l’organisation sans faille de ce beau séjour, avec de belles randos (sans tramontane !) et aussi de belles visites culturelles fort intéressantes. Merci également à Michel qui a été une aide précieuse. Et Merci à tous pour la bonne humeur générale.
Roger V.
Dimanche 2 juin
Arrivée de l’ensemble des participants jusqu’à 14 heures, puis sans perdre de temps, visite guidée du Musée préhistorique… Une remontée dans le temps devant les riches collections du Musée dont le crâne de l’Homme de Tautavel et la reconstitution du lieu de découverte (grotte située sur la Caune d’Arago), et un bel exposé très clair sur ce pan de la préhistoire par la jeune guide qui nous a accueillis. Le village de Tautavel surfe remarquablement sur ce passé préhistorique pour établir sa notoriété touristique, « l’homme de Tautavel » est partout présent : étiquettes sur les bouteilles de vins, panneaux routiers, enseignes des boutiques, bâtiments publics… Apéritif servi par Fred, le maître des lieux : évidemment ce ne pouvait être que l’apéritif local, à savoir le muscat de Rivesaltes issu d’une propriété du coin (voir mercredi).
Lundi 3 juin
Rando de 9h à 16h ; 12 km ; dénivelé cumulé : 480m.
Départ à pied pour monter vers la Tour del Far (460 m) culminant la vallée du Verdouble qui irrigue Tautavel (et qui a connu des crues stratosphériques par le passé lors « d’épisodes cévenols »). La Tour del Far est un vestige du réseau d’alertes entourant la plaine du Roussillon pour prévenir les menaces d’invasion. La Tour se mérite mais d’en haut belle vue dégagée sur le Canigou, le Carlit au loin, les Albères et plus près sur la Caune d’Arago où furent découvert les ossements préhistoriques cités plus haut. Un ciel lumineux et très peu de tramontane… cette dernière va définitivement cesser de souffler durant le reste du séjour, une aubaine car sur les crêtes sa puissance peut s’avérer dangereuse (l’accès aux châteaux cathares est d’ailleurs suspendu dans ce cas).
Mardi 4 juin
Rando de 9h30 à 15h -13 km- dénivelé cumulé : 380m.
Départ à 8h45, nous garons la voiture à Saint Paul de Fenouillet (1800 hab, à cheval entre les Pyrénées Orientales et l’Aude) puis nous allons randonner dans les Gorges de Galamus. La rivière Agly y a creusé un canyon profond et étroit, la route est taillée en corniche et le GR partage la route avec les automobiles (prudence donc…). Le clou de la rando est la descente par un escalier raide sur le sanctuaire niché dans le flanc des rochers : au XVe siècle les frères mineurs de St François d’Assise y établirent une grotte chapelle qui devint un ermitage. Site toujours occupé et haut lieu de pèlerinage.
Au retour, premier « affrontement » garçons -filles à la pétanque. Cette activité post rando va devenir de plus en plus homérique !
Mercredi 5 juin
Rando de 9h30 à 15h30 – 12 km – Dénivelé cumulé : 520 m.
Départ à 8h45. Départ vers Cucugnan bien connu des lecteurs d’Alphonse Daudet pour son fameux curé qui fit un célèbre sermon pour stopper la chute de ses ouailles vers l’enfer (lors d’un rêve, il n’en avait rencontré aucune au Paradis). Ce village compte un joli moulin restauré (moulin d’Omer dont les origines remontent à 1692) et dans son église, une vierge en bois doré du XVIIe siécle possède un caractère rare : elle est représenté enceinte (Vierge de l’Attente)… il n’y en a que 3 en France… Et au-dessus du village la fière silhouette du Château de Quéribus qu’ont occupé les Cathares au XIIIe siècle puis au XIVe siècle transformée en forteresse royale. Montée raide de 300 m, et en haut la récompense : une belle vue et une forteresse en 3 enceintes successives. Traversée de la belle salle du Pilier et sa voûte en palmier fort élégante malgré les pierres imposantes puis montée au sommet de la Tour pour jouir d’une belle vue. Le Château se mérite. Au retour, petite visite de Cucugnan, mais pas de curé en vue (sauf évidemment le « bistrot du Curé »).
Puis retour au centre de vacances et séance de dégustation organisée par la dynamique propriétaire vigneronne du domaine Bonshoms : au menu, dégustation de 4 vins (Tautavel villages) et 4 muscats liquoreux et apéritifs (appellation Rivesaltes)… heureusement qu’on n’avait pas à conduire ensuite ! Puis suite des homériques parties de pétanque garçons-filles : à 5 contre 5 et 20 boules en fin de partie le pointage devenait une séance d’auto tamponneuses et seul Guy, le tireur d’élite, a pu vraiment faire la différence. Le niveau entre les 2 camps s’est égalisé, bravo les filles…
Jeudi 6 juin
Rando de 9h30 à 16h – 16 km (avec transfert auto vers les Orgues) – Dénivelé cumulé : 200m
Départ pour Ille sur Tet à 8h30. Rando en 2 parties : le matin balade en aller-retour le long de la Tet et des canaux d’irrigation jusqu’au début des Gorges de la Guillera que nous n’avons pu emprunter pour cause de passages inondés. Nous avons toutefois rencontré quelques passages en corniche, équipés de cordes ou de câbles.
L’après-midi rendez-vous en voiture sur le parking des Orgues. Site très connu, formé de hautes colonnes de roches tendres (rappelant des tuyaux d’orgue) coiffées de roches plus dures et plus lourdes maintenant la colonne en place : ces colonnes portent le nom de « demoiselles coiffées » ou « cheminées de fées », à la longue la coiffe tombe et la colonne s’érode peu à peu. Le sentier serpente dans cet univers ocre et blanc fort surprenant.
Vendredi 7 juin
Rando de 9h45 à 16h30 – 4,5 km et 250m le matin – 7 km et 200m l’après-midi.
Départ vers 8h30 pour Duilhac-sous-Peyrepertuse (150 hab) et le parking du Château de Peyrepertuse, le joyau des châteaux cathares. A l’origine c’était un ouvrage défensif avec une église et c’est Louis XI qui le rachète au Roi d’Aragon en 1240 pour en faire une « citadelle du vertige ». Les cathares l’ont occupé auparavant, à l’époque de Guillaume de Peyrepertuse… qui fut excommunié. Château impressionnant atteint après une montée courte mais brutale, occupant l’éperon rocheux à 800m d’altitude occupant un polygone de 300 m de long x 60 m de large. La montée à l’enceinte supérieure tout au bout comporte de grandes marches d’escalier et semble interminable. Évidemment la récompense est au bout : à ses pieds les premières enceintes et à 360 degrés les sommets de la région, sous le regard de son voisin Quéribus tout aussi escarpé.
L’après-midi balade dans les gorges du Verdouble depuis Duilhac, jusqu’au moulin de Ribaute…
Samedi 8 juin
Rando de 10h20 à 14h – Rando de 6 km, sans dénivelé réel.
Après chargement des bagages, départ à 9h30 pour Peyriac-de-Mer (à 55 km au nord, sur le chemin du retour) afin de randonner autour des étangs du Doul et du Sel Fort qui font partie des lagunes et salines jouxtant la mer de la région de Sigean, Gruissan et Port la Nouvelle. De jolis paysages lagunaires et au loin la mer.
Puis séparation vers 14h.
Et pour finir petite info à propos des Cathares (à l’époque ce mot n’était pas connu , on parlait des Albigeois) : dans le Sud-Ouest, en terre d’Occitanie, terre d’autonomie et de contestation un mouvement religieux prit corps en 1167 par la création de 4 évêchés cathares (Toulouse, Albi, Agen et Carcassonne) : ce mouvement croyait en l’existence du Bien et du Mal et pensait que son christianisme était le seul véritable et voyait en celui de Rome une contrefaçon diabolique (non sans raison, vu les dévoiements commis par l’Église à l’époque !). D’où le développement d’une caste dont les membres vivaient en ascètes végétariens (les « Parfaits ») pour servir d’exemple aux croyants, avec refus de reconnaître les sacrements, la croix, l’eucharistie. Le seul sacrement pratiqué était le « Consolamentum » par lequel on devenait « Parfait » ; les croyants ordinaires, ne pouvant suivre une vie aussi exigeante, le recevaient juste avant de mourir. Au début, cette caste fut soutenue par les aristocrates locaux (Raymond VI de Toulouse, Raymond de Foix… ravis de garder leur autonomie par rapport au roi de France) et l’Église ferma les yeux… au départ. Puis sous la férule du Pape Innocent III, Rome se réveilla et organisa en 1208 la « Croisade des Albigeois » conduite par Simon de Montfort : les Albigeois furent écrasés en 1244 à Monségur en Ariège (225 brûlés), Quéribus fut la dernière place forte à chuter, en 1255. Le catharisme se poursuivit dans la clandestinité durant tout le XIIIe siècle. Les Cathares occupèrent d’anciens châteaux féodaux notamment les « Cinq Filles de Carcassonne » : Quéribus, Peyrepertuse, Aguilar, Puylaurens et Termes, à la limite des Pyrénées Orientales et de l’Aude. Sur le plan politique, la riche région toulousaine qui était très convoitée (culture lucrative du pastel) passa du royaume d’Aragon au Royaume de France en 1271, la croisade menée par Simon de Montfort avait aussi des motivations économiques !. Deux siècles plus tard, le protestantisme s’inspira de cet héritage pour un retour à une vie religieuse digne, excédé là encore par les abus de l’Église romaine de l’époque.
Roger V.