23 juin : Sortie annuelle à Capbreton
Cette année, la sortie annuelle était consacrée à la visite de Capbreton et celle de la réserve naturelle du Marais d’Orx.
52 participants ont répondu présent. Rendez-vous était pris sur le parking Feu Vert à Mérignac pour le départ en bus.
Régine et Sylvie M., organisatrices de cette journée, nous apportent quelques informations pendant le trajet :
Tout d'abord, un peu d’histoire concernant notre destination :
Capbreton, Cap-breton, Capberton en des temps plus anciens, mais aussi Cap-brutus à la Révolution… L’origine du nom est encore aujourd’hui une énigme pour les historiens et les linguistes. C’est dans un règlement bayonnais de la fin du XIIe siècle fixant le tarif des bateaux transitant sur l’Adour, que le nom apparaît pour la première fois. Cap signifie en gascon un « lieu au bout des terres »…
La fondation de Capbreton se perd dans la nuit des temps. Grâce à son ouverture océanique et sa localisation sur l’Adour, le bourg se développe progressivement, entre dunes sableuses et forêt de chênes et de pins. Au Moyen-Âge, l’Adour se jette dans l’Océan, au droit de Capbreton, probablement à l’endroit du Gouf, un gouffre sous-marin d’une profondeur abyssale. Le premier noyau d’habitations de Capbreton s’implante, probablement dès le XIe siècle, dans le quartier Boret, autour de la commanderie des Templiers.
Cette cité au charme discret fut jusqu’au début du XVIe siècle un haut lieu de la chasse à la baleine où marins, négociants et armateurs ont tiré profit des nombreuses richesses de l’océan.
Au XVe et XVIe siècles, Capbreton est une cité prospère grâce à son puissant port de pêche mais aussi à la culture de la vigne et pour son commerce de vin des sables, de liège, poix, résine ou encore planches de pin avec l'Espagne, le Portugal et les Pays-Bas.
La cité, qui compte 2 000 à 3 000 habitants, se développe au sud, autour du port et des comptoirs commerciaux ainsi que de l’église Saint-Nicolas. Le détournement artificiel de l’Adour en 1578 entraîne des changements profonds au niveau social et économique. A partir du XVIIe siècle, sa population diminue peu à peu. Il ne reste dit-on, à la veille de la Révolution, que 400 Capbretonnais dans le bourg. A la fin du XIXe siècle, le port de Capbreton est créé sur décision de Napoléon III. Puis le développement des bains de mer, du surf et de la glisse transforme le petit bourg en une des stations les plus réputées de la côte sud des Landes.
Capbreton change alors de visage au tournant du XXe siècle. Le cœur de ville se densifie et se structure autour de l’église. Des magasins s’installent petit à petit dans la Grand’Rue. Les constructions se multiplient en marge du bourg d’origine. Après les deux guerres mondiales, l’urbanisation s’accélère sur toute la frange littorale. Dès les années 1960, de grands projets urbains et touristiques voient le jour tels que la création du port de plaisance ou des logements…
La population de Capbreton est de 9 000 habitants, et peut atteindre 50 000 habitants l’été compte tenu de son attractivité touristique.
Il est l'heure de prendre le petit déjeuner, aussi nous arrêtons-nous sur une aire d'autoroute avant de reprendre la route.
Arrivés à Capbreton, la visite commence.
La ville n’a pas le patrimoine architectural que nous avons pu voir lors de nos sorties annuelles des années précédentes mais elle offre beaucoup de charme du fait de son architecture typiquement landaise à la fois originale et colorée, et de quelques maisons datant du Moyen-Age. Ainsi, passons-nous devant la « Maison del Rey », rue du Prieuré. Cette bâtisse médiévale, récemment restaurée, témoigne du passé maritime de la ville mais doit sa notoriété au Roi de Navarre, le futur Henri IV qui y aurait séjourné en 1583. Il y fut l’hôte du jurat et maître de navire Bertrand de Ponteils.
Plus loin, l’église Saint-Nicolas.
Une première église avait été construite en 1539-1540 avec une haute tour carrée. Cette tour servait de tour de guet contre les invasions et de point de repère aux navires. Plusieurs fois endommagée au cours des siècles, elle fut reconstruite en 1865-1866 avec une tour cylindrique en forme de phare. Elle conserve de l’ancienne église une abside romane, une porte gothique ainsi que l’une des quatre Pietàs polychrome classées des Landes, (XVe siècle). A l’intérieur, si les ex-votos traditionnels des marins ont été détruits à la Révolution, il faut admirer le long des murs les plaques d’argile et de bois rappelant les quelque 1 062 Capbretonnais inhumés dans l’édifice depuis 1533, ainsi que des fresques représentant des scènes de la vie de Saint-Nicolas et d’évènements maritimes.
L’église a été inscrite aux Monuments historiques.
Puis nous passons devant la Mairie, autrefois appelée « La Maison de Monseigneur » car bâtie pour Clément Soulé, natif de Capbreton, évêque de St-Denis de La réunion puis archevêque de Guadeloupe.
Un ancien couvent a été transformé en résidence au n° 5 de la rue Jean-Baptiste Gambarra. La tradition orale veut que son sous-sol renferme de ténébreux souterrains conduisant à une commanderie de templiers située dans la Grand’rue (rue piétonne, actuellement rue du général de Gaulle) mais démolie en 1920.
De jolies maisons médiévales à pans de bois datant du XVe siècle dites « des Anglais » se situent l’une au n° 48 rue du Général de Gaulle (agence immobilière), l’autre au n° 54/56, la maison de l’Oralité et du Patrimoine créée avec 2 anciennes maisons dénommées de Brébet et de Médus. C’est un lieu de vie et d’animation culturelle, qui réunit dans une même logique l’oralité, bien ancrée à Capbreton depuis 26 ans avec son Festival du conte, et la transmission de l’histoire locale.
Nous longeons ensuite le Boudigau. Ce canal a été aménagé sur l’ancien lit de l’Adour (fleuve détourné en 1578 sur Bayonne par l’ingénieur Louis de Foix sur ordre du roi Charles IX).
Puis nous arrivons au port de plaisance qui compte plus de 1000 places à flots. C’est aussi le seul port de pêche des Landes. L’entrée de la passe est limitée au nord par la digue et au sud par l’estacade.
Une visite du marché aux poissons est incontournable. Ici, les 19 bateaux peuvent y vendre leur pêche directement tous les matins sans passer par la criée. On trouve sur les étals des poissons de grands fonds, des crustacés et des coquillages introuvables dans les fonds marins voisins, suivant les saisons, bars, maigres, rougets, soles, maquereaux, lottes, saumons, et truites de mer, chipirons, seiches, anchois…Mais pas d’illusions : crabes, langoustes et homards ne seront pas au menu de notre pique-nique !
Entre l’estacade et la plage Nord d’Hossegor, profond de près de 3000 m et long de 150 km, le gouf est un exceptionnel phénomène géologique, comparable au Grand Canyon du Colorado. Ce canyon sous-marin s’ouvre à quelques centaines de mètres seulement du bord.
Sa formation s’est opérée sur des millions d’années, par la tectonique des plaques, les différents niveaux marins, dans le prolongement de la faille pyrénéenne. De par ses dimensions mais aussi sa situation géographique, le Gouf concentre une faune et une flore marines très variées, parcourues de courants chauds.
Les jours de tempête, alors que les vagues déferlent au sud et au nord du Gouf, on peut voir que la mer reste calme sur ce point, formant ainsi un refuge pour les bateaux en détresse.
Après un dernier coup d’oeil depuis l’estacade sur la plage et les activités nautiques qu’elle offre, certains prennent la direction de la plage pour un petit longe côte (à sec) et un bol d’air iodé. Un blockhaus témoin d’un autre temps s’est paré de couleurs vives. Nous remontons les dunes avant de rejoindre le bus.
Nous reprenons le bus. L’après-midi est consacré à la visite du Marais d’Orx.
Quelques informations :
Le Marais d'Orx est une entité géologique dont la création remonte à 3 millions d’années. Avec la formation d’un cordon dunaire le long du littoral landais empêchant les eaux de ruissellement de s’écouler vers la mer, un chapelet de zones humides se crée, donnant vie à des lacs, étangs et marais. Jusqu’à la fin du Moyen âge, les Landes ne sont alors qu’une vaste zone humide marécageuse.
En 1808, Napoléon 1er ordonne l’assèchement du marais pour le rendre cultivable, aux frais de l’Etat, mais les travaux ne commencent qu’en 1840. Monsieur Lefebvre-Béziers, architecte ayant acquis les droits de succession du domaine en 1850, réussit à configurer le marais tel que nous le connaissons actuellement, c'est-à-dire avec ses canaux de ceinture, ses digues et ses collecteurs. Il engage pour cela 400 ouvriers qui, 15 mois durant, vont creuser 7 kilomètres de rigoles, 20 kilomètres de canaux, 40 kilomètres de fossés !
Puis c’est le comte Walewski (fils naturel de Napoléon Ier), ayant reçu le domaine par donation de Napoléon III, commence à assécher le marais grâce à un système de pompes hydrauliques (conçues en 1863) et frappées d’un aigle impérial gravé dans la pierre, encore visible aujourd’hui. En parallèle de cet assèchement, 32 métairies sont également installées pour l’exploitation du site (élevage, polyculture…). Certaines d’entre-elles sont aujourd’hui restaurées et aménagées en gîtes ruraux.
Divers propriétaires se sont succédé ensuite et l’arrivée de l’agriculture moderne intensive dans les années 1970 conduit à l’installation d’un système de pompage électrique. Mais le site, poldérisé, devient trop coûteux à entretenir et change alors de vocation dans les années 80, le dernier propriétaire cessant progressivement son activité agricole. La remise en eau progressive attire alors rapidement une exceptionnelle diversité d’espèces, d’oiseaux en particulier, motivant son rachat par le Conservatoire du Littoral en 1989 (avec l’aide financière du Fonds Mondial pour la Nature (WWF).
Nous partons de la maison Béziers qui est la maison « nature » du Marais et point d’entrée de la réserve naturelle pour un circuit de 6 km aller-retour. Celui-ci permet de découvrir en partie le Marais Barrage qui est le secteur caractéristique du site protégé. Tout au long du parcours, nous pourrons accéder à certains des observatoires (au nombre de 4), à la recherche de la faune et de la flore très variée du marais (Canard souchet, Canard colvert, Sarcelle d’Hiver, Canard pilet…), des rapaces (Milans, Elanion blanc, Busard des roseaux, Busard St Martin…), des échassiers (divers limicoles, Spatule blanche, Courlis cendré, Ibis falcinelle, Avocette élégante…) mais aussi… des ragondins et des Tortues Cistude d’Europe.
Rendez-vous à 16 h 00 pour le goûter avant de repartir. Une fine pluie se met à tomber…
Merci à Régine et Sylvie M. pour l’organisation sans faille de cette superbe journée !
Sylvie P. (photos Sylvie et Michel B.)