La météo était quelque peu humide dans le fin fond du Médoc en ce premier dimanche de l’automne. Climat propice pour évoquer les contes et légendes de ce plat pays… La dame du Breuil avait pour habitude de partir après son mari à la messe dominicale mais elle arrivait toujours avant lui en empruntant un souterrain connu d’elle seule. Coursée par son époux, qui réussit à lui voler une chaussure, elle lui promet les pires ennuis dès que cet escarpin pourrira… Effectivement, quelque temps plus tard, le château tombe en ruine…
Chemins de vignes où les grains de raisins se gonflent encore de jus, chemins de forêt où les glands des chênes craquent sous nos pas, tous traversent quelques belles propriétés, comme le château Reysson. Certes, les randonneurs le qualifient de « maison bourgeoise » car il n’a pas de tours.
​​​​​​​Des tours il y en a sur la colline, très anciennes et en ruine mais fort majestueuses puisqu’il s’agit du donjon et d’une tour d’angle du château-fort de Vertheuil.

Juste en face, se dresse la pépite du jour, l’abbaye de Vertheuil. L’église abbatiale a environ 1000 ans et fière allure avec ses deux clochers ; son portail roman, illustration de l’apocalypse selon Saint Jean et ses grands murs de pierre bien droits. L’intérieur est tout aussi impressionnant grâce aux voûtes immenses perchées sur les chapiteaux des piliers. La décoration est aussi soignée avec des sculptures illustrant divers passages de la Bible où quelques scènes de la vie courante, voire quelques gauloiseries…
Le monastère a été maintes fois pillé et reconstruit, le bâtiment actuel date du XVIIIe siècle, construit en bonne partie avec les pierres du mur d’enceinte et des trois tours du château-fort. Une aile a d’ailleurs été démolie pour revendre les pierres. Rien ne se perd, tout se transforme, surtout dans le Médoc où les carrières sont rares… ​​​​​​​

Un petit tour du parc et retour à Cissac en passant par le château Larrivaux (il a bien quelques clochetons…). Encore une histoire rocambolesque, en 1581, le propriétaire conçoit un projet grandiose et démarre les logements des ouvriers, le chai et les écuries. Il s’arrêtera là, faute de finances… Les femmes de la famille s'installent dignement dans les dépendances, reprennent les rênes de la propriété et les tiennent toujours de main de maître…

Le clocher de Cissac apparaît à l’horizon où le soleil brille à nouveau, il est temps de rentrer et de rêver à ces bâtisseurs qui nous ont laissé de si beaux monuments !
A bientôt pour de nouvelles aventures !
Anne