Chemin de Stevenson-2 - Septembre 2024
Début septembre 2024, 23 membres du TPB (répartis en 2 groupes se suivant à un jour d’intervalle) se sont élancés gaillardement sur le célèbre Chemin de Stevenson (GR 70) pour effectuer la 2ème partie du trajet entre Chasseradès (départ) et Alès, la première partie entre Le Puy et Chasseradès ayant été effectuée en septembre 2023.
En 8 jours les 2 groupes ont traversé la moitié sud de la Lozère et la partie nord du Gard, à travers le massif du Mont Lozère puis les rudes et sauvages Cévennes pour atteindre Alès terme du trek. Nous n’oublierons pas la chaleur de l’accueil pour certains hébergements (en particulier à Cassagnas et à Mialet) ou l’originalité de leur cadre pour d’autres (notamment au Pont de Montvert, à St Etienne Vallée Française et à Mialet, encore). Au total 155 km et 4600 m de dénivelé cumulé.
Merci à Marie-Anne pour avoir organisé ce trek (beaucoup de contraintes pour 2 groupes de 12 personnes se suivant à 1 jour d’intervalle !) et guidé l’un des 2 groupes et à Catherine pour avoir guidé l’autre groupe, et à toutes les deux pour le volet culturel préparé sous forme de livret.
Petit rappel historique à propos de l’origine de ce chemin :
L’écrivain écossais Robert-Louis STEVENSON (1850-1894 auteur de l’Ile au trésor, Dr Jekyll et Mister Hyde etc.), suite à un déboire amoureux et des déceptions diverses, décida à l’âge de 28 ans, de découvrir les Cévennes pour se changer les idées et étudier la présence protestante dans la région… Il démarra son périple au Monastier sur Gazeille le 22 septembre 1878 en achetant sur le marché de ce village une ânesse qu’il prénomma Modestine avec qui les premières étapes furent compliquées, puis des liens affectifs très forts furent progressivement tissés. Il alla ainsi jusqu’à Saint Jean du Gard en 12 jours et 200 km. Il relata son périple dans un livre qui connut un grand succès : « Voyage avec un âne dans les Cévennes ». En 1993 un premier balisage fut réalisé par la FFRP (et répertorié GR 70) en suivant au plus près l’itinéraire emprunté par l’écrivain. Mais comme nous n’avons pu trouver d’âne à acheter, nous avons fait le chemin à pied !
Au jour le jour
J1- Chasseradès-Le Bleymard de 10h40 à 17h - 18 km - Dénivelé 550m
Après un transfert en minibus d’ Alès vers Chasseradès, départ plein sud vers le petit village du Bleymard, au nord du massif du Mont Lozère. Passage par la Montagne du Goulet (1400m) et le col de Franchassou (1350m) à la source du Lot qui débute son cours plein ouest de...485 km jusqu’à Aiguillon). Le Bleymard est un petit village pittoresque de 400 habitants au bord du Lot à 5 km en aval de sa source.
J2- Le Bleymard-Pont de Montvert de 8h10 à 16h - 21 km - Dénivelé 660m
Peut-être la plus belle étape, toujours plein sud marquée par la traversée du massif du Mont Lozère et passage à son sommet (cîme de Finiels 1699m, point le plus élevé de tout le chemin de Stevenson). Zone quasi inhabitée en dehors de la station de sport d’hiver du Mont Lozère et du village de Finiels… Puis descente vers le Pont de Montvert, au bord du Tarn qui prend sa source à quelques km en amont. Le Pont de Montvert est un joli petit village avec son pont antique, à l’histoire agitée, qui a connu le début de la guerre des Camisards (assassinat de l’abbé Du Chayla le 24 juillet 1702).
J3- Pont de Montvert-Florac de 8h15 à 18h30 - 28,5 km - Dénivelé 830m
Longue étape vers le sud-ouest et passage au col des Trois Fayards (1398 m, lié à l’épisode de l’assassinat de l’abbé du Chayla) puis au signal de Bouges (1420m). Puis trajet de crête plein ouest et entrée dans le Parc National des Cévennes au Col du Sapet (1080m) suivi par la descente vers le gros bourg de Florac où l’on retrouve la rivière Tarn (2000 habitants, unique sous préfecture de la Lozère). Beaux panoramas un peu gâchés par le temps nuageux.
J4- Florac-Cassagnas de 8h40 à 17h - 22 km - Dénivelé 650m
Traversée de Florac qui s’étire le long du Tarn puis cap au sud-est sur Cassagnas en remontant la longue vallée encaissée de la Mimente (qui rejoint le Tarn à Florac), vallée aux parois schisteuses. Pique-nique à St Julien d’Arpaon au pied de son château en ruines. Arrivée à la Gare de Cassagnas témoin d’une ancienne ligne ferroviaire remontant le cours de la Mimente depuis Florac. Cassagnas (130 habitants) est apparu comme un minuscule village sympathique perché au-dessus de la Mimente. Ecoutons Stevenson : « Je me rapprochais maintenant de Cassagnas, un brelan de toits noirs, au versant de la montagne dans cette sauvage vallée, parmi les plantations de châtaigniers, les yeux levés dans l'air clair vers d'innombrables pics rocheux. ». Accueil chaleureux en haut du village au gîte du Cap Del Lioc, qui a fait l’unanimité.
J5- Cassagnas-St Etienne Vallée Française de 8h30 à 16h30 - 28 km - Dénivelé 570m
Long périple sans difficulté en plein coeur du Parc National des Cévennes. Sentier forestier avec beaux points de vues (col de la Pierre Plantée 895m) et quelques curiosités : une tombe préhistorique et un menhir. Le paysage change : on quitte le versant Atlantique (les affluents du Tarn) pour le versant méditerranéen (les Gardons). On est en plein pays protestant, chaque (rare) village rencontré, grand ou petit, possède son temple ; le souvenir de la Guerre des Camisards au début du XVIIIème est partout présent notamment à Saint Germain de Calberte (500 habitants) . Arrivée à Saint Etienne Vallée Française (500 habitants) avec son vieux château, son centre très typé, en pierre noire, sans oublier le gîte fort original que nous avons occupé !
J6- Saint-Etienne VF- Saint-Jean du Gard de 8h30 à 14h40 - 15 km - Dénivelé 640m
Autre étape au coeur des Cévennes qui a permis de passer de la Lozère au Gard. Montée au Col de Saint Pierre (630m) puis descente sur Saint Jean du Gard. La région a participé fortement à la Résistance (maquis de Bir Hakeim 1942, fermes ayant caché des Juifs). Saint Jean du Gard « perle des Cévennes » (2500 habitants) est un gros bourg actif et riche d’un magnifique « Musée des Vallées Cévenoles » (La Maison Rouge). Stevenson termina ici son parcours le 22 septembre 1878 (commencé au Monastier sur Gazeille au sud du Puy) en 1878 après 200 km et 12jours.
J7- Saint Jean du Gard-Mialet - 5 km dans l’après midi - Dénivelé 85m
Etape courte car matinée occupée à visiter le très beau Musée des Vallées Cévenoles à St Jean du Gard et ses 10000 objets présentés. Après la visite, on est ressorti incollable sur la vie d’autrefois (vie avec beaucoup d’ingéniosité) dans ces rudes vallées, et surtout sur l’élevage du ver à soie dans les magnaneries et sur la filature de la soie (le musée est lui-même dans une ancienne filature).
Puis courte balade jusqu’au gîte du Cambon situé à 2 km avant Mialet. Gite magnifique restauré avec goût, avec belle vue sur la vallée du Gardon de Mialet, et accueil attentionné et souriant.
J8- Mialet-Alès de 8h30 à 17h30 - 21 km - Dénivelé 780m
Dernière journée de trek mais longue, caillouteuse et pas facile…. Au départ, passage à Mialet et son joli pont dit Pont des Camisards avec de belles magnaneries converties en maisons d’habitation. Noter que tout près de Mialet, au hameau du Mas Soubeyran, se trouve l’émouvant Musée du Désert qui évoque l’histoire religieuse souvent sanglante des Cévennes.
Puis après Mialet, long sentier en montées et descentes sur les derniers contreforts des Cévennes. La ville d’Alès aperçue de très loin fut longtemps désirée. Cette ville importante (45000 habitants, la 2ème du département du Gard) au passé charbonnier, possède des vestiges miniers de toutes sortes.
Roger V.