RANDONNEE DANS LA LANDE AUTOUR DE ST SYMPHORIEN
Dimanche 13 Mai : Une balade au cœur du parc régional des Landes de Gascogne
Respirez, vous êtes en forêt...
Saint Symphorien paraît bien loin sur la carte girondine, nous n’avons pas coutume d’y randonner souvent et pourtant nous étions 46 au rendez-vous. La curiosité mobilise…
Nous sommes à St Symphorien. En gascon Sent Séfrian, arrondissement de Langon.
Environ 1700 habitants : les Paroupians. Plusieurs communes constituent le "pays Paroupian" (en gascon paroissiens) St Léger de Balson, Origne, Hostens, Le Tuzan, Mouchats, Balizac St Symphorien. Le village a pris ce nom pour désigner ses habitants.
Le blason : la forêt, le pin, la canne du berger qui rappelle l’importance qu’avait l’élevage des ovins.
Au moyen âge le village était sous l’autorité de la famille d’Albret.
Le bourg se constitue de façon tardive au XVIIIe s. avec une quinzaine de maisons autour de l’Eglise.
Lavoir au bord d la Hure
L’Eglise de St Symphorien : faite de brique et de pierre de Style gothique (XVIe s) dont la façade a été refaite au XIXe s. Elle se compose d’une abside polygonale et de 3 nefs. On y trouve un vitrail représentant la sainte famille, 2 clefs de voute représentant Saint Antoine avec son bâton en forme de tau et son animal familier le cochon. Très populaire, il était invoqué pour la guérison des fièvres contagieuses
Qui était Saint Symphorien ? Selon la légende, un soldat romain ayant vécu au IIe ou IIIe, décapité pour avoir manifesté sa foi chrétienne. Il est fêté le 22 Août.
La rive gauche de la Hure fut très prospère grâce à l’exploitation du pin maritime qui connut son apogée du milieu du XIXe siècle à 1930. Arrêt total du gemmage en 1960.
Le pin ou "l'arbre d'or ". Son exploitation avait de multiples facettes.
Tout est bon dans le pin . Cet arbre altier s’offre tout entier, ses gouttelettes de résine qui deviennent colophane ou essence de térébenthine et servent à élaborer médicaments, savon… Ses troncs droits font le bonheur des charpentiers, dégageant un parfum qui nous transporte en forêt, les branches vertes étaient transformées en combustibles, les aiguilles et écorces permettaient de tracer des chemins dans la forêt, les copeaux prélevés sur la carre ou gemelles servaient d'allume feu.
La bannière des résiniers illustre le rôle des femmes, filles des résiniers (transport des bacs en bois ou escouartes pour récupérer la résine). C’est la bannière de « l’association des œuvres de jeunesse féminine de la paroisse ». Inscription : « fais ce dois, pour Dieu la sève de nos âmes »
Autour de cette activité une ligne de chemin de fer fut ouverte en 1873 (Nizan – St Symphorien - Sore) Cela entraînera la construction d’un atelier de rénovation des Wagons et d'usinage dont les bâtiments sont encore visibles figés dans le passé
D’abord ligne privée, puis propriété de la Sté Générale des chemins de fers économiques, elle fut fermée définitivement en 1977. C’est la disparition de l’activité traditionnelle.
Puis la commune connut une période de repli. Elle redémarre avec l’implantation d’une scierie à l’échelle européenne. Industries de la filière du bois ou transformation des produits agricoles.
L'écrivain François Mauriac puisera son inspiration dans cette lande et le paysages girondins. on la retrouve dans l'atmosphère de son oeuvre romanesque. Nous marcherons sur ses pas. lande et les paysages girondins. Il passa toutes ses vacances dans cet univers si particulier. Il perdit son père très jeune. Sa mère issue d’une famille bourgeoise possédait plusieurs propriétés dans les environs. Elle fit construire en 1895 un chalet (dont l’architecture s’apparente beaucoup à celle des villas de la ville d’hiver d’Arcachon), au milieu d'un magnifique parc au bord de la Hure.
Nous traverserons ces lieux où il campa ses personnages. Pour toile de fond la maison de ses cousins Lapeyre au cœur du village, où se situera son roman Thérèse Desqueyroux. Il rebaptisa St Symphorien pour les besoins de son roman "St Clair" (commune de St Léger de Balson), lieu emblématique où se trouve une fontaine miraculeuse réputée pour guérir les maladies de yeux.
Dans ces romans il étrille une bourgeoisie rurale étriquée enfermée dans de lourds secrets étouffés. Religion et passion : conflit principal dans son oeuvre.
Evocation de Villémégea où nous passerons ou Jouhanaut.
Il trouva également son inspiration au moulin de Marian pour son roman : le mystère Frontenac
Après ces quelques explications (un peu longues peut-être ....), nous voici partis pour une balade de 21 km, différente de celles que nous faisons habituellement. Tout imprégnés de la lande nous cheminons. Les fougères commencent à se dérouler donnant une note verte contrastant avec les fûts sombres des pins. Une bonne odeur "résinée" se dégage.
Le temps est parfait, idéal pour la randonnée. Une légère brise rafraîchit agréablement l'air.
Dans la matinée, nous étions en pleine nature. Dans la deuxième partie de la randonnée nous sommes allés à la rencontre de l’habitat traditionnel.
On pourrait aussi intituler cette balade : "sur la route des fours à pains"
Le Luc Arrode
Lassus Villemégea
LE PARCOURS :
Millet, Le Moulin de Marian, Magenta, le Luc (1er four à pain sur le chemin) l’airial d’Arrode, Lassus, Villemégea (sur la commune de Ste Léger de Balson)
Le Moulin de Marian est connu dès 1828 ou « moulin du gros ». Il conserve une partie de ses installations à l’intérieur : grande roue à broyer le grain. Une retenue d’eau en Amont permet de réguler la Hure. Un endroit très paisible à peine dérangé par la chute d'une cascade d’eau
L’habitat : Il est constitué de plusieurs hameaux disséminés dans la lande. Nous en avons traversés plusieurs
Caractéristique principale de l’habitat : les airials (ou airiaux)
Airial d'Arrode
Définition d'un airial : du latin Area – occitan airal, il désigne dans les landes une clairière au sein du massif forestier regroupant quelques maisons et leurs dépendances, (grange, bergerie…) Les pins cèdent la place à un espace de pelouse couvert de chênes parfois centenaires et de feuillus. Les airiaux d’un même village sont désignés « quartiers ». Ils étaient centres d’opérations communautaires : « tuaille » du cochon, travaux divers, festivités. Celui d’Arrode est superbe et le mieux conservé. Il s’étend sur 7 ha. Magnifique maison typique des landes, de torchis er de bois avec son auvent traditionnel ou austantade. Nous en verrons d’autres restaurées ou en cours de restauration. Ces espaces tranchent singulièrement avec la lande. Nous découvrons une autre maison magnifique toujours dans la tradition landaise, et bien sûr le four à pain omniprésent comme l’étaient également les fameux puits à balancier. Lieu malheureusement presque désert, nous y avons rencontré son unique habitant.
Lassus : Magnifique four restauré où nous nous sommes attardés.
intérieur du four
Maison traditionnelle restaurée avec son puits à balancier de bois pour pouvoir hisser plus aisément les récipients. Très fréquent dans la région auprès des habitations
Puits à balancier
Villemégea : maisons traditionnelles, four
Pour terminer notre balade le magnifique chalet de François Mauriac actuellement propriété du conseil régional, au milieu de son parc bordant la Hure.
le chalet Maison de "Thérèse d'Esqueyroux"
Au retour un petit crochet par le lavoir et les anciens ateliers de réparation des chemins de fer.
J’espère que cette balade un peu insolite au cœur des Landes vous aura plu.
On pouvait encore découvrir bien d’autres choses dans le village. Je donnai quelques adresses aux plus curieux
- La grange muletière du 19 e s.
- La maison communale construite en 1932 en art déco
- Le cercle ouvrier qui reflète le passé industriel de la commune. Il concrétise l’entraide et la solidarité du monde ouvrier, resserre les liens de fraternité. Le cercle a été créé En 1898 par les propriétaires pour avoir le soutien des résiniers. IL rassemblait les travailleurs de l’usine de réparations des chemins de fer économiques….. travail de la paille, bois, gemme, fabrication de chaussures, métayers résiniers.
Bar associatif composé de 230 membres. Lieu de rencontre pour une certaine qualité de vie. C’est l’une des plus anciennes associations d’ouvriers de France autogérée par des sociétaires bénévoles.
- Dans le quartier des Mûriers : maisons ouvrières. On peut y voir un panneau : "l’hospice des veuves"
Dans une société où seul le travail masculin était susceptible de nourrir la famille, avec des métiers qui n’ont bénéficié d’une protection sociale que tardivement, le devenir des veuves et des enfants était incertain. Un logement gratuit était proposé par la paroisse aux veuves de la commune. Le bâtiment transformé existe toujours.
- L’usine de gemme René Poudenx : usine de distillation des produits résineux : essence de térébenthine, colophane. Elle ferma en 1966
- L’atelier de réparations des chemins de fer. Mais toute cette activité passée est figée dans ces lieux et seul un vieux wagon rouillé en est le témoin.
En flânant dans le village on peut y découvrir de très belles maisons, témoignage d’un passé prospère –
l'outillage principal du résinier
- Le Pitey échelle taillée dans un jeune pin avec cale-pieds de chaque côté taillés dans la masse conçu pour résiner en hauteur.
- Le Hapchot : lame tranchante recourbée pour pratiquer dans le tronc de l’arbre une incision verticale, la carre. Le long de cette carre coule la résine qui est ensuite canalisée par un crampon de zinc puis recueillie dans un pot de terre cuite. Le Gemmage s'effectuait de Mars à Octobre.
C’était ma première sortie (en réalité la 2ème) à St Symphorien.
Clin d’œil à mon amie d’enfance M.N. qui est originaire de cette commune
J’espère que cette balade un peu insolite au cœur des Landes vous aura plu.
Michèle L.
JEUDI 17 MAI A SAILLANS
Changement de décor pour 11 km à travers vignes et coteaux. Là encore le temps était propice à la randonnée.
Au bord de l'Isle
Château Plain point à Villegouge
Michèle L.