SAMEDI 23 MARS : VARIATIONS AUTOUR DU CHATEAU DE DURAS (47)
Nous étions 23 participants pour ce rendez-vous juste à la limite de la Gironde et du Lot et Garonne dont le plus jeune Lucas 8 ans a par sa présence bien rajeunit les rang du TPB. Il a vaillamment participé à cette journée et y a montré un grand intérêt.
Nous partîmes sous un soleil inespéré pour une randonnée de 9 km autour de BALEYSSAGUES, petit bourg situé à 2 km à peine de DURAS.
Nous sommes encore très près de la Gironde mais déjà les paysages changent, surprenants de diversité. La vigne est toujours présente, mais également de nombreux vergers, plus particulièrement les fameux Pruniers d'ente dont la floraison est imminente. La douceur émane de ces paysages aux multiples facettes, émaillés de très belles bâtisses typiques, d'anciens moulins, de pigeonniers, d'églises romanes notamment celle de Ste Colombe de Duras avec son singulier tympan en plein cintre séparé par une clé pendante et son clocher mur...
Nous avons même vu des figues de barbarie... surprenant !
Eglise de Ste Colombe de Duras
Les riquets : ancier moulin
Pruniers d'ente
Au retour, château en vue (de la voiture)
Une randonnée pontuée de quelques côtes bien senties...
Une particularité tout au long de ce circuit : les puits "Gavaches" Ces puits de forme oblongue de deux à trois mètres et toujours fermés, dont voici quelques explications. Gavache signifie étranger, celui qui par ses traditions inquiète. alors on couvrait les puits de peur qu'ils soient empoisonnés par les "gavaches".
"A la fin de la Guerre de cent ans (1453) qui se solde par une victoire des armées du Roi de France (Bataille de castillon), la Guyenne est ruinée et dépeuplée par les pertes humaines causées par les combats entre gascons et anglais d'un côté et français de l'autre.
Les seigneurs locaux font alors appel à la main d’œuvre étrangère (Poitou, Angoumois, Saintonge, Limousin, mais aussi Périgord…) en masse pour cultiver les terres laissées à l’abandon.
Puits gavaches
Au retour, face à nous, le château constuit sur un piton rocheux surplomble la vallée du Dropt de toute sa majesté. Après une pause déjeuner au pied du château à même de magnifiques tables d'ardoise et une visite du village, nous rejoignons notre guide Marion dans la cour d'honneur pour une visite de deux heures menée avec brio, à travers 8 siècles d'histoire.
La cour d'honneur
Il est fait mention du premier Castrum au XIIe s. plus précisément en 1137 date de son édification par le vicomte Guillaume Amanieu de Bezaumes.
La naissance de cet édifice isolé se fit dans la violence, le vicomte obligeant les habitants des alentours à s'installer autour du château.
1308 : 2ème date importante. Le château revient à la famille de Goth. Bertrand de Goth le futur pape Clément V finance la construction du château de Villandraut en même temps qu'il transforme Duras en forteresse imprenable avec ses 8 tours rondes reliées par des courtines. (ces châteaux sont dit châteaux clémentins)
Sa nièce la marquise de Goth reçoit le château en apanage. En épousant Arnaud de DURFORT, elle allait donner naissance à une lignée qui possèdera le château jusqu'au milieu du XIXe s
Le château connut les vicissitudes de l'histoire, convoité tantôt par les anglais, tantôt par les français.
Duras situé en Guyenne soutiendra toujours la cause des Léopards.
Cela vaudra à la ville de Duras d'être prise en 1377 par du Guesclin. La ville et le château furent mis à sac.
Au cours des guerres de religion il redevient fief protestant. Ce sera le bastion de Jeanne d'Albret.
Puis règnera la paix à Duras.... mais pendant tout son règne LOUIS XIII va lutter contre les protestants
Louis XIV cherchera à attirer les familles nobles protestantes. La famille DURFORT se sortira habilement de ce dilemme en se convertissant au catholicisme. La famille reniera sa religion. Le château deviendra duché. Les DURFORT vivront désormais à Versailles. Le château connut alors son apogée.
Le château perd son caractère défensif. Jacques Henri Durfort transformera la forteresse en demeure de plaisonce, deux tours seront démolies, On construira une cour d'honneur, un corps de logis à galeries superposées de style rennaissance, de superbes écuries, une orangerie, un jardin à la française, tout cela afin d'asseoir la puissance que leur confère leur rang.
Le château connut alors les fastes du siècle des lumières, mais fut aussi au coeur de la période romantique.
Symbole féodal, il fut malmené par la révolution, partiellement détruit, puis abandonné. Après la révolution la famille DURFORT rachetera le château et le quitteront définitivement au XIXe s. Commença alors une longue période où au gré de ses propriétaires successifs le château se délabra. Voilà de cela 50 ans tout juste, un petit groupe de duraquois décidèrent de le sauver. La commune se porta acquéreur en 1969 lors d'une vente aux enchères. Ce fut la date de sa résurrection impliquant l'état, la région, le département et la commune. 40 ans de travaux lui donnèrent sa physionomie actuelle. Le château a retrouvé son âme. 30 salles furent restaurées. L'effort continue par la restauration intérieure, notamment les appartements ducaux. Ce fleuron du patrimoine culturel fut classé "site majeur d'Aquitaine" en 2002.
Après une leçon d'histoire, Marion nous plonge dans les entrailles du château, trésor architectural où se mêlent différentes époques, et nous entraîne des sous sols au sommet de la tour avec une vue imprenable à 360° sur la campagne environnante et le village.
Au fil de la visite nous découvrons successivement, les sous-sols qui regorgent de trésors : une boulangerie façonnnée dans la roche mère (nous donne l'impression qu'une fournée va sortir sous nos yeux), la cuisine aux 100 fagots ou on pouvait faire cuire un boeuf entier. Au rez-de-chaussée : la cour intérieure de style rennaissance, la salle à manger donnant sur les coursives, la salle des 3 maréchaux ou la salle d'apparat au rez-de-chaussée qui s'ouvre directement sur la cour d'honneur, la salle de fantômes où planent l'esprit de ceux qui ont fait l'histoire du château, Et tout en haut la magnifique charpente restaurée, entièrement chevillée représentant une frégate renversée, la salle aux secrets qui jouit d’une acoustique telle que l’on peut converser à voix basse face à un angle avec une autre personne se trouvant à l’opposé. Tout le monde s'y est essayé... avec succès.
La boulangerie les cuisines
La salle aux secrets
La cour renaissance
Le long des coursives
des coursives : vue sur la campagne
Le nom de Duras vous rappelle peut-être quelque chose :
Celui de Marguerite DURAS (Marguerite Donnadieu) qui emprunta son nom à ce lieu. La région de Duras imprégna son premier roman : les impudentes. Elle vécut notamment de 1922 à 1924 et en 1931 dans le domaine familial situé près de pardaillan, à 9 km de Duras. Bien que très imprégnée des rives du Mékong, les paysages de Duras et ses environs ne la laisse pas indifférente.
Tous les ans au mois de mai le château accueille les "journées Marguerite DURAS" organisées par l'asso Eponyme. Un prix littéraire de renommée nationale est décerné à un auteur de talent.
De nombreux événements culturels ont lieu à Duras : expositions, spectacles, théâtre...
Merci de votre participation
A bientôt dans d'autres lieux
M. L.R.