Jeudi 2 Janvier : à la croisée du Bordeaux historique et du Bordeaux euratlantique
Départ de la maison écocitoyenne pour une bouche de 9 km à travers Bordeaux.
Nous aimons bien introduire au cours de l'hiver une ou deux randonnées dans Bordeaux, pour le plaisir de découvrir ou redécouvrir "le Bordeaux historique", quelques trésors cachés dont ne soupçonnions pas toujours l'existence, ou encore nous immerger dans le Bordeaux futuriste.
De la porte Cailleau édifiée en 1494, entrée royale de la ville où s'élevait le palais de l'Ombrière, résidence habituelle des souverains d'Angleterre, ducs d'Aquitaine.
Nous nous acheminons vers L'Eglise St Pierre (XVIe ), dans le coeur du vieux Bordeaux où les rues ont des noms évocateurs rappelant d' anciens métiers : rue des Argentiers, rue de Bahutiers, rue Maucoudinat... Le centre du castrum correspondait à l'actuel quartier St Pierre.
Nous poursuivons par la rue Saint James ou rue Jacques le majeur, empruntée par les pèlerins de St Jacques de Compostelle. (au n° 28 vivait Simon Millanges l'imprimeur des Essais de Montaigne) pour déboucher sur la monumentale grosse cloche, beffroi du XVe s. édifiée entre l'Eglise St Eloi et l'ancien Hôtel de Ville, à l'emplacement de l'enceinte du XIIIe s. Dominée par le léopard d'or d'Aquitaine et l'écusson représentant les armes de la ville, elle s'élève à 41m. L'horloge fut réalisée en 1757 par l'astronome Larroque.
Puis du cours Victor Hugo, emplacement des anciens fossés de la ville, nous rejoignons l'emblématique rue Ste Catherine longue de 2 km, la plus ancienne voie bordelaise remontant à l'époque gallo-romaine sous le nom de "Cardo maximus", pour déboucher sur la synagogue rue du grand rabin Cohen. Elle fut édifiée au XIXe s. 1877-1882. Classée en 1998 (photo ci-dessous).
Le couvent de l'annonciale fondé en 1520 rue de la Miséricorde, aujourd'hui occupé par la DRAC (direction régionale des affaires culturelles) que nous pouvons qu'entr'apercevoir, sauf à l'occasion de concerts. Cloître et chapelle ont été rachetés en 1808 par la communauté de la miséricorde qui recueillait les "filles de joie" repenties et plus tard des délinquants mineurs. Elle servit également de salpêtrière.
Hôtel de la Perle rue St François
Et ce trésor que nous avions déniché voilà de cela quelques années lors d'une randonnée dans Bordeaux, dont l'état nous avait attristés. Voilà qu'il renaît, entièrement restauré dévoilant tous les détails de son architecture. Désormais nous ne pouvons pas y pénétrer car privé, mais sa cage d'escalier est magnifique. Edifié au XIXe s. par Antoine Théodore Audibert (signé d'un double A formant un compas et une équerre entrelacés). Autrefois l'hôtel était principalement habité par des artisans. Son confort était exceptionnel et rare pour l'époque. Une particularité : sur sa façade le maçon porte-faix qui avait été accidentellement décapité a retrouvé sa tête. A voir...
La basilique St Michel : 14 et 16e s. de style gothique flamboyant avec son clocher de 114m60. Ses vitraux ont été partiellement détruits lors d'un bombardement en 1940 et restaurés dans une version moderne.
Nous marchons vers le marché des Capucins " les capus" cher aux bordelais. Premier marché hebdomadaire dès 1749. En 1881 les 2 pavillons furent édifiées avec des structures métalliques provenant de l'exposition universelle de 1878. Nous empruntons la rue camille Sauvageot pour nous rendre ensuite rue des Douves, témoin de l'existence des anciens fossés le long du mur de la 3ème ancienne (tout à gauche de la photo). Le marché des douves de type Baltard fut construit en 1886 et rénové en 2015. Sa vocation a changé. Il abrite désormais la maison de vie associative du quartier. Incursion rue de la porte de la monnaie. Seule porte du 18e restée en l'état. On y trouve l'ancien hôtel des monnaies édifié par Tourny et de belles maisons de caractère.
Quelques minutes pour admirer la superbe façade du XIIe s. de l'abbatiale Ste Croix d'inspiration saintongeaise, terminée au XIXe s. par Paul Abadie (rajout de clocher nord symétrique à celui d'époque romane). Le magnifique orgue de dom Bedos (1748) a été restauré récemment. La fontaine Ste croix (1735) est adossée à la 3ème muraille du XIVe s. (photo ci-dessus)
Contraste de deux univers : Nous avons traversé la gare St Jean (1855), à l'origine construite en bois dont la verrière ferroviaire et les marquises du parvis viennent d'être restaurées, pour nous diriger vers la nouvelle gare Belcier qui accueille la LGV depuis 2017. le quartier Belcier est en pleine mutation, méconnaissable. Le long des quais que reste-il des sinistres abattoirs ? La Halle Boca a remplacé l' ancienne halle à bestiaux (photo ci-dessus) où 14 restaurateurs officient et la MECA (maison de l'économie créative et de la culture en Aquitaine) prend toute son ampleur à la place des abattoirs (plateau de 400m2 pour la création artistique, salle de projection réservée aux équipes de tournage, 1000m2 d'espace exposition et 90 m2 pour la conservation des oeuvres). Nous avons eu la chance d'être admis pour une rapide visite et avons bénéficié de l'accès à la terrasse d'où nous embrassons toute la ville. Superbe !
Nous remercions Marie-Pierre pour cette balade très largement commentée et fort instructive.
Michèle Rigaud