Plateau de Millevaches - 9 au 15 juin
24 d’entre nous ont choisi de découvrir ce coin de Nouvelle Aquitaine aux confins de la Corrèze, de la Haute Vienne et de la Creuse, pour un séjour organisé par Christine et Michel. Notre hébergement au VVF – Château sur la Vienne se situe à Nedde, commune située en bordure occidentale du Plateau de Millevaches en Haute-Vienne, à 10 km au sud du Lac de Vassivière. L’église Saint-Martin date de la fin du XIIIe, XVe et XVIIIe, son clocher en bardeaux de châtaignier du XIIIe et son incroyable verrou du XVe.
Le Plateau de Millevaches est un vaste plateau granitique de 1800 km² qui s’étend sur trois départements du Limousin en Nouvelle Aquitaine : la Corrèze, la Haute-Vienne et la Creuse. D’une altitude généralement comprise entre 500 et 900 m, il culmine à 977 m au mont Bessou. On le surnomme parfois « le château d’eau de la France » en raison de ses lacs (Vassivière, Chammet, Lavaud-Gelade, Viam etc..) et tourbières et des nombreux cours d’eau qui y prennent leur source, dont notamment la Vézère, la Vienne, la Creuse et la Corrèze. A priori, le nombre de vaches n’explique en rien sa dénomination qui fait l’objet de plusieurs étymologies et notamment l’étymologie occitane : mille vacca signifiant mille sources. Il s’inscrit intégralement dans le périmètre du Parc Naturel Régional de Millevaches dont il constitue la partie majeure, sommitale et centrale. La forêt occupe les deux tiers de sa superficie, le tiers restant étant occupé en majorité par des landes sèches, des grands espaces herbeux pour l’élevage et des tourbières. C’est un territoire très peu peuplé : la densité moyenne ne dépasse pas 18 habitants au km2.
Le Lac de Vassivière : grand lac artificiel de 10 km² environ et de 45 km de rivages dentelés que se partagent deux départements, la Haute-Vienne et la Creuse. Il a été créé en 1950 par la construction d’un barrage hydroélectrique sur la Maulde un affluent de la Vienne. Sa mise en eau a duré 18 mois et a englouti 3 hameaux. À partir des années 1960 – 1970 ses berges sont aménagées en site touristique très prisé en été. Le lac et ses abords représentent le paysage traditionnel du plateau de Millevaches par ses tourbières, étangs tourbeux, landes et forêts. Il s’en dégage un air de « petit Canada ».
Lundi 9 juin
Le séjour débute à Uzerche (Corrèze) sous le soleil où Christine et Michel nous ont donné rendez-vous pour une balade de 4 km à la découverte de la « Perle du Limousin » lovée dans un méandre de la Vézère sur un éperon rocheux. Au Xème siècle son monastère était tout puissant et son abbaye bénédictine rayonnante.
L’abbatiale Saint-Pierre reste un témoin majeur de l’art roman limousin. Ses nombreuses tours, ses passages voutés, ses demeures semblables à de petits châteaux font de la cité un ensemble architectural remarquable et rare, d’où le proverbe « qui a maison à Uzerche a château en Limousin ».
La réhabilitation du quartier de la papeterie a donné naissance à un pôle culturel d’exception où un espace entièrement dédié aux graffiti est devenu le temple corrézien du street art.
Après le pique-nique au bord de la Vézère, nous continuons notre route jusqu’à Treignac, petite cité médiévale bâtie au pied du massif des Monédières dans les gorges de la Vézère : un vieux pont du XIIIème, une église, deux chapelles, une halle aux grains, des maisons à colombage et une tour panoramique que les plus courageux grimperont. Réputée pour ses eaux vives qui en font un spot mondial de canoë-kayak, Treignac a organisé les championnats du monde de descente en 2020 et 2022.
Vers 17h nous arrivons à notre hébergement. Dans un écrin de verdure, au bord de la Vienne, le VVF se compose d’un château construit sous le règne d’Henri IV fortement remanié dans les années 1950 abritant l’accueil, le restaurant et le bar, et de 65 petites maisons. Avant le repas nous sommes conviés à un apéritif d’accueil : un kir limousin, vin blanc et liqueur de châtaigne.
Mardi 10 juin
Boucle de 15 km et 360 m de dénivelé positif au départ de Beaumont-du-Lac (Haute-Vienne), autour du bois de Crozat sur de magnifiques chemins bordés de chênes et majoritairement de hêtres, au bord du Lac, puis sur le chemin des poètes jalonné de poèmes gravés sur des œuvres de granit, dans une lande sèche jusqu’au tumulus du Puy de la Besse et le mystérieux site des Roches Brunagères, pierres à légendes longtemps considérées comme un monument druidique.
Puis nous traversons Quenouille, petit hameau typique de la montagne limousine, avec ses belles maisons de granit superbement restaurées et fleuries. La randonnée s’achèvera à l’église Saint-Pierre de Beaumont, romane fortifiée reconstruite à la fin du XVe siècle.
Comme tous les soirs suivants, nous nous retrouvons au bord de la Vienne à 19h15 pour la présentation du programme du lendemain suivi de l’apéritif. Après le repas place aux fameuses parties de pétanque où s’affrontent deux équipes de quatre, ou pour d’autres, parties de rami ou de 5 rois.
Mercredi 11 juin
Le matin : boucle de 9 km et 100 m de dénivelé dans La Tourbière du Longeyroux (Corrèze). Plus vaste tourbière du Limousin, elle s’étend sur 250 ha à 900 m d’altitude dans le bassin de naissance de la Vézère parsemé de petits ruisseaux. Depuis 8000 ans la matière végétale s’accumule ici et se décompose très peu en raison de l’altitude, de l’humidité et de la roche granitique imperméable. C’est à raison de 2 cm par siècle que la tourbière se forme ! Sur des tapis de sphaignes (variétés de mousses), à la belle saison, poussent des graminées comme la molinie bleue, de la canneberge, de la linaigrette et une plante carnivore, la drosera. Au passage nous découvrons le site des Cent Pierres où des gros rochers émergent de la tourbière.
L’après-midi : 7,5 km en ligne et 115 m de dénivelé positif sur le GR 440B, du site gallo-romain des Cars à Pérols-sur-Vézère. Le site des Cars date du IIe siècle de notre ère. Il est composé de ruines de deux constructions funéraires et d’une villa somptueuse de 15 pièces. Le Bac, vaste réserve de 6000 litres d’eau provenant d’une levée d’eau à l’est de la villa, alimentait la maison en eau courante et deux foyers devaient alimenter les salles chauffées et les thermes.
Au cours de la randonnée nous traversons le village de Variéras. Sa particularité ? Toutes ses maisons sont recouvertes …de chaume. Étonnant !
Jeudi 12 juin
En route pour Aubusson (Creuse) capitale de la tapisserie de basse lisse. Aubusson est mondialement connue pour son savoir-faire inscrit au Patrimoine immatériel par l’Unesco depuis 2009. Elle possède aussi un patrimoine architectural témoin d’un riche passé culturel et historique : maisons à Tourelles, le pont et Châtelet de la Terrade (ancien quartier des lissiers et des teinturiers), la Tour de l’Horloge, les vestiges du château et l’église Sainte-Croix. Pique-nique au bord de la Creuse.
À 14h nous sommes attendus à la Cité Internationale de la Tapisserie pour une visite guidée. À Aubusson, l’artisan tapissier, appelé lissier, « met en laine » l’œuvre de l’artiste sur un métier de basse lisse, horizontal. Il tisse sur l’envers de la future tapisserie et ne peut contrôler son travail que partiellement en plaçant un miroir entre les fils de chaîne du métier et le carton de l’artiste qui guide le tissage. Le lissier et l’artiste ne découvrent leur œuvre dans sa totalité qu’au moment (très émouvant) où ils coupent les fils de chaîne pour libérer la tapisserie au cours de « la tombée du métier ».
La relation, traditionnelle à Aubusson, entre l’artiste, concepteur du modèle à tisser, et le lissier interprète, est le gage d’une production de qualité. Une tapisserie est une œuvre à quatre mains, deux signatures, fruit de la collaboration entre un artisan d’art et un créateur.
Le parcours immersif à travers l’histoire de cette tradition met en valeur des œuvres anciennes, modernes (Jean Lurçat, Cocteau, Delauney…) et contemporaines (Aubusson tisse Tolkien, l’imaginaire de Hayao Miyazaki, hommage à George Sand). Ce fut pour nous tous une belle découverte !
Vendredi 13 juin
Boucle des 7 Peux ou des 7 collines au départ de Royère-de-Vassivière : 15,5 km et 260 m de dénivelé positif. Encore de magnifiques chemins bordés de digitales et de marguerites, des chemins forestiers au milieu de feuillus et de conifères, des tourbières, le bord des lacs de Vassivière et d’Arfeuille. Le pique-nique au bord du lac près d’une petite plage donne à quelques-uns des envies de baignade !
Et pour finir, une partie du groupe arpentera le sentier d’interprétation de la Lande du Puy de la Croix offrant des vues superbes sur le lac de Vassivière pendant que quelques gourmands préfèreront la chocolaterie d’Eymoutiers.
Samedi 14 juin
Boucle « le chemin de l’eau » au départ de Faux-la-Montagne : 15 km et 280 m de dénivelé positif sur des chemins typiques du plateau : forêts, tourbières, lac et toujours des digitales, des marguerites, des genêts….
Sur le chemin du retour quelques courageux s’arrêtent aux Rochers de Clamouzat (2 km aller-retour), site de 116 ha classé et remarquable d’un point de vue géologique et paysager : d’imposants rochers et une grande dalle « en dos de baleine » de 200 m de long.
Dimanche 15 juin
Tout a une fin, il est temps de boucler les valises. Le séjour s’achève à l’Ile de Vassivière que nous allons découvrir au cours d’une balade de 7 km environ. Les nuages sont arrivés, la température a baissé : capes et parapluies sont dans les sacs, mais serviront peu au final.
L’Ile de Vassivière a été créée par la mise en eau du Lac entre 1950 et 1952. Elle culmine à 711 m d’altitude quand le rivage se situe à 650 m environ. Elle se trouve sur deux départements et deux communes : Beaumont-du-Lac en Haute Vienne et Royère-de-Vassivière en Creuse. Elle est reliée à la presqu’île de Pierrefitte par un pont long de 600 m, à la circulation règlementée. Nous le traverserons donc à pied. Outre de belles vues sur le lac et ses alentours, cette balade nous permet de découvrir quelques-unes des œuvres land-art disposées en plein air, le jardin des simples, la « Pierre à Pain » où nous attendent de magnifiques pains cuits dans un four ancestral datant de 1780, le château et le Centre International d’Art et de Paysage (CIAP) : une longue nef qui sert de lieu d’exposition et une tour-phare de forme conique. Le château construit au XVIIe par la famille Vassivière est devenu en même temps que l’île propriété de la région en 1977. Entièrement rénové en 2012, il héberge un restaurant le « Pré du Lac » et des artistes en résidence au CIAP.
Après le pique-nique et un dernier pot au « Pré du Lac » nous regagnons nos voitures.
Le meilleur a une fin ! L'amitié et l'ambiance dans le groupe ont permis une fois de plus de profiter agréablement de cette semaine. Cerise sur le gâteau : six jours de plein soleil sur sept, que pouvait-on demander de mieux ?
Tous se séparent pour regagner Bordeaux pour la plupart, ou pour d'autres, prolonger ce séjour dans la région.
Christine