23 octobre : Arcachon – 15 km
Le temps est légèrement couvert mais la température (25°C) est exceptionnelle pour la saison. Nous sommes 29 à en profiter, à l’écoute attentive des explications documentées de Marie-Pierre :
En 1823, un marin normand du nom de François Legallais ouvre sur le site d’Arcachon un établissement de bains de mer « Bel air » visant une clientèle aisée sur le rivage d'Eyrac. La clientèle explose avec l'arrivée du chemin de fer à la Teste en 1841 et l'ouverture de la route entre la Teste et la jetée d'Eyrac en 1845.
En 1853, les frères Péreire, richissimes banquiers et propriétaires du chemin de fer entre La Teste et Bordeaux, décidèrent de prolonger la ligne jusqu'à Arcachon qui devient avec l'appui de Napoléon III la station climatique à la mode. La ville fut déclarée commune par décret impérial en 1857 et Lamarque de Plaisance en fut le 1er maire.
Nous empruntons les sentiers de la forêt du domaine de Camicas. Au passage, ramassage de champignons et cueillette d'arbouses.
Dès 1789, l'ingénieur Brémontier la sème afin de fixer les dunes qui menacent La Teste. En 1982, bloquant l'expansion du golf, le conservatoire du littoral rachète Camicas qui demeure une forêt préservée et rescapée de l'urbanisation aux portes de la ville.
Le pique-nique vers la plage permet de respirer l'air du large et d'admirer le ballet aériens des voiles des "kiteurs".
Direction la Source des Abatilles :
En 1923, l'ingénieur Louis Le Marié découvre la source en cherchant du pétrole. Il trouve de l'eau sulfureuse à 25° à 472 m de profondeur, qui jaillit à plus de 8 m du sol à raison de 70 000 L/h. Il la baptise Sainte Anne en hommage à la sainte patronne de Bretagne. Elle reçoit tour à tour les autorisations de L'Académie de Médecine en juin 1925 qui la décrète « eau de santé » et celles de l'état en juillet 1925 avant de se constituer en Société Thermale des Abatilles.
L'établissement thermal est construit en 1928 et connaît un grand succès jusqu'en 1939. A la grande époque les curistes du monde entier affluent, l'eau est reconnue pour ses effets sur l'arthrose, les rhumatismes, l'insuffisance rénale, les calculs urinaires et l'hypertension. La buvette ne désemplit pas mais après la guerre l'établissement est dans un piteux état. En 1954, il est relancé et connaît un nouvel essor grâce au remboursement de la cure par la sécurité sociale. En 1961, le groupe Vittel absorbe la société et le centre thermal est fermé en 1964, Vittel préférant privilégier la production en agrandissant la zone d'embouteillage. En 2008, la société des Eaux d'Arcachon est cédée par Nestlé Waters à Roger Padois, un arcachonnais et à son associé Olivier Bertrand et ce jusqu'en décembre 2012. En 2013, la société est rachetée par le négociant-producteur bordelais Jean Merlaut (notamment propriétaire du château Gruaud Larose et du château Malagar) et Hervé Maudet nommé directeur général de la Source. Les nouveaux propriétaires se recentrent sur l'outil industriel et les équipes en investissant en 2014 dans une nouvelle ligne de production française qui permettra d'augmenter la capacité de production de la gamme eau de tous les jours, de 12 000 à 18 000 bouteilles/h. En 2018, ils investissent de nouveau, dans une nouvelle ligne d'embouteillage dédiée à la gamme bordelaise (plate et pétillante).
La profondeur de la source, unique en France, agit comme une barrière géologique naturelle contre tout type de pollution et notamment contre les nitrates. A travers les différentes couches de sable, calcaire, argile traversées, l'eau est filtrée, elle affiche zéro nitrate, faiblement minéralisée, détoxifiante.
Après un peu de dénivelée, nous traversons la ville d'Hiver.
Jusqu'à la restauration la « petite montagne» ou « forêt d'Arcachon » fait partie de la Teste de Buch. Ce quartier sur les hauteurs bénéficie d'un air saturé en émanations balsamiques et résineuses très favorable pour la guérison de certaines maladies notamment la phtysie.
Emile Péreire songeait au moyen de rentabiliser une ligne ferroviaire qui risquait de voir sa clientèle se raréfier en hiver. Il a l'idée d'y faire venir des malades de la tuberculose. Avec son frère Isaac, il est à l'origine de la ville d'hiver : première ville conçue par les médecins pour des malades. Durant la guerre 14-18, Arcachon reçoit 200 000 blessés et gazés.
Parmi les magnifiques villas devant lesquelles nous passons, les plus célèbres sont :
La Villa trocadéro : anciennement dénommée « villa graciosa» construite en 1863 sur le modèle d'un chalet suisse par l'architecte Paul Régnauld. C'est l'un des premiers chalets locatifs de la Cie des chemins de fer du Midi. De taille majestueuse, elle fut transformée en 1900 et habillée de bois ouvragé (lucarne, pignon). Furent ajoutés un balcon faisant le tour de la villa avec balustrade ouvragée une véranda au RDC, éléments qui évoquent les maisons coloniales aux Indes. L'escalier latéral en bois a été remplacé par un escalier central de pierre à balustrade. C'était le lieu de rendez-vous de la colonie russe d'Arcachon
La Villa Alexandre Dumas : Construite en 1895 par l’architecte J. de Miramont et l'entrepreneur Blavy. Son propriétaire, un célèbre banquier, Daniel Iffla, lui donnera le nom d'Osiris (son propre surnom) jusqu'en 1907. Très originale, elle réunit des éléments composites de style hispanique et un belvédère à l'italienne qui offre une remarquable vue sur le bassin. On observe une grande richesse décorative : alternance de briques rouges et vernissées bleu, jaune et vert, boutons de fleurs en terre cuite moulée. Voir clôture, grilles ornementées et 2 magnifiques portails en ferronnerie.
Nous nous dirigeons ensuite vers le belvédère (ou observatoire Ste Cécile) conçu par Paul Régnauld (assistant de Gustave Eiffel) 1862-1863.Ses piliers sont constitués de rails et ses marches, soudées aux tambours cylindriques, forment la colonne centrale, suspendues par des câbles à la plateforme du sommet. Il a été rénové en 1990.
La vue sur Arcachon est magnifique. Nous pouvons apercevoir le Grand Hôtel.
Nous empruntons la Passerelle St Paul, au-dessus d'un ravin de 15 m. Longue de 32m. Réalisée par Paul Régnauld, elle relie les dunes de St Paul et de Ste Cécile. Ses piliers sont composés de pierres ferrugineuses de Gironde, de rocs coquilliers des Landes, de granit et de marbre des hautes Pyrénées.
Nous prenons l’Allée du moulin rouge appelée ainsi en hommage à Toulouse Lautrec qui passait ses vacances à Arcachon. Il possédait une villa au bord de la plage et aimait s'y baigner nu. Les voisins protestant, il fit ériger une palissade sur laquelle il peignit des dessins obscènes. Les propriétaires suivants firent détruire la palissade et le regrettèrent amèrement... Nous passons devant la Villa Antonina, puis la Villa Toledo.
Marie-Pierre et Sylvie