8 février : Visite de la Source des Abatilles
Direction Arcachon pour les 25 participants à cette journée. Ce matin, Régine a prévu une visite guidée de l’usine d’embouteillage de l’Eau des Abatilles.
Commençons par l'histoire de la Source des Abatilles :
En 1923, l'ingénieur Louis Le Marié découvre la source à l’occasion d’un forage effectué dans l’espoir de trouver du pétrole, une colonne d’eau sulfureuse jaillit à plus de 8 m du sol à raison de 70 000 litres par heure. Il la baptise Sainte Anne en hommage à la sainte patronne de Bretagne. Elle reçoit tour à tour les autorisations de L'Académie de Médecine en juin 1925 qui la décrète « eau de santé » et celles de l'état en juillet 1925 avant de se constituer en Société Thermale des Abatilles.
L'établissement thermal est construit en 1928 et connaît un grand succès jusqu'en 1939. A la grande époque les curistes du monde entier affluent, l'eau est reconnue pour ses effets sur l'arthrose, les rhumatismes, l'insuffisance rénale, les calculs urinaires et l'hypertension. La buvette ne désemplit pas mais après la guerre l'établissement est dans un piteux état. En 1954, il est relancé et connaît un nouvel essor grâce au remboursement de la cure par la sécurité sociale. En 1961, le groupe Vittel absorbe la société et le centre thermal est fermé en 1964, Vittel préférant privilégier la production en agrandissant la zone d'embouteillage. En 2008, la société des Eaux d'Arcachon est cédée par Nestlé Waters à Roger Padois, un arcachonnais et à son associé Olivier Bertrand et ce jusqu'en décembre 2012. En 2013, la société est rachetée par le négociant-producteur bordelais Jean Merlaut (notamment propriétaire du château Gruaud Larose et du château Malagar) et Hervé Maudet nommé directeur général de la Source. Les nouveaux propriétaires se recentrent sur l'outil industriel et les équipes en investissant en 2014 dans une nouvelle ligne de production française qui permettra d'augmenter la capacité de production de la gamme eau de tous les jours, de 12 000 à 18 000 bouteilles par heure. En 2018, ils investissent de nouveau, dans une nouvelle ligne d'embouteillage dédiée à la gamme bordelaise (plate et pétillante).
Nous commençons la visite de l’usine d’embouteillage. Notre guide nous explique les différentes étapes de la chaîne d'embouteillage.
L’eau, puisée dans une nappe acquifère à 472 mètres de profondeur (elle provient à l’origine du Macif Central et parcourt 1 km tous les 300 ans en traversant roches, sable et argile), est redistribuée directement vers la chaîne d’embouteillage.
Dans un bruit assourdissant, on observe le manège des machines en action pour chauffer les préformes de bouteilles, les souffler sur des moules métalliques qui leur donnera leur forme, remplir les bouteilles et les boucher. Puis c'est l'étiquetage des bouteilles, pour finir par le fardelage par 6 et enfin la mise en palettes. 5 personnes suffisent pour surveiller toute la chaîne et intervenir en cas de dysfonctionement.
La visite était très intéressante et nous remercions chaleureusement notre guide. Nous repartons avec gobelet souvenir et une bonne bouteille (d'eau !).
Après un pique-nique en chemin, Marie-Pierre nous mène dans la Ville d’Hiver d’Arcachon.
On doit ce quartier sur les hauteurs aux frères Pereire qui cherchaient à rentabiliser pendant l’hiver la ligne ferroviaire entre La Teste et Bordeaux dont ils étaient les propriétaires et qui voyait une fréquentation moindre des curistes en hiver. Les allées sinueuses de cette « petite montagne » (aucune voie n'est droite pour faire barrage aux courants d'air) abritent de magnifiquess villas, toutes différentes et chacune avec son histoire. La plupart d'entre elles existent toujours :
Les Ecuries du Parc Pereire, dont le portail et la poulie surplombant le balcon sont d’origine.
Jusqu’en 1857, Emile et Isaac Pereire, banquiers et investisseurs de renom contribuèrent, par leur sens des affaires, au développement et à la prospérité d’Arcachon. La ville, réputée pour son air saturé en émanations résineuses et balsamiques, était particulièrement prisée par les personnes atteintes de tuberculose dont Emile Pereire souffrait.
La Villa Dania à la limite du parc Pereire, construite en 1892 d'après les plans de Fernand Grelet pour le compte de Monsieur Kirsten, consul du Danemark à Bordeaux. L'entrée dans un angle est abritée par une marquise en fer forgé. Les chaînes d'angle sont classiquement en briques et pierres alternées.
La Villa Bretagne, une des toutes premières villas de la ville d'hiver nommée "Molière" à sa construction en 1865.
La Villa Flore, construite par l'architecte bordelais Jacques Valleton pour lui même entre 1882 et 1889.
La Villa Montesquieu, située face à la Villa Meyerbeer. L’empreinte du baron de la Brède est décidément présente jusqu’au bassin d’Arcachon... Cette belle Arcachonnaise a la particularité d’arborer des colombages sur ses façades.
La Villa Les Tamaris (Villa Condé), une réalisation de l’architecte Régnauld construite en 1864.
Elle porte tout d’abord le nom de Columba, elle est rebaptisée Condé en 1865. En 1878, elle est la propriété de la Société Immobilière (des frères Pereire). Le Docteur Lehman l’habite en 1927. Transformée en copropriété elle sera par la suite la résidence principale du Docteur Castéres et sa famille. Rachetée en 2019, elle a fait l’objet d’une importante restauration pour retrouver ses attributs d’antan : façade en pierre, boiserie etc. C’est à cette occasion qu’elle sera renommée les Tamaris en 2021.
La Villa Alexandre Dumas, où l’écrivain n’a jamais vécu, construite en 1895 par l’architecte J. de Miramont et l'entrepreneur Blavy. Son propriétaire, Daniel Iffla, un célèbre banquier, la nommera de son propre surnom « Osiris ». En 1907 elle fut rebaptisé « Alexandre Dumas ». L’une des plus belles de la ville et très originale, elle réunit des éléments composites de style hispanique et un belvédère à l'italienne qui offre une remarquable vue sur le bassin. Elle est richement décorée de briques rouges et vernissées bleu, jaune et vert, boutons de fleurs en terre cuite moulée. Les grilles de sa clôture sont ornementées et deux magnifiques portails en ferronnerie.
Nous nous dirigeons ensuite vers le belvédère (ou observatoire Ste Cécile) conçu par Paul Régnauld (assistant de Gustave Eiffel) 1862-1863. Il a été rénové en 1990.Ses piliers sont constitués de rails et ses marches, soudées aux tambours cylindriques, forment la colonne centrale, suspendues par des câbles à la plateforme du sommet d’où la vue à 360° sur Arcachon est magnifique. Nous pouvons apercevoir le Grand Hôtel.
Puis nous empruntons la Passerelle St Paul, au-dessus d'un ravin de 15 m. Longue de 32m. Réalisée par Paul Régnauld, elle relie les dunes de St Paul et de Ste Cécile.
Nous prenons ensuite l’Allée du moulin rouge appelée ainsi en hommage à Toulouse Lautrec qui passait ses vacances à Arcachon. Il possédait une villa au bord de la plage et aimait s'y baigner nu. Les voisins protestant, il fit ériger une palissade sur laquelle il peignit des dessins obscènes. Les propriétaires suivants firent détruire la palissade et le regrettèrent amèrement... Nous passons devant deux magnifiques villas :
La Villa Antonina, construite par la Compagnie des Chemins de Fer du Midi des Frères Pereire en 1864, elle abrite à l’origine le bureau du gérant du Domaine d’Arcachon. Elle est de style chalet suisse et le peintre Bonnard y séjourna en 1920 pour rencontrer sa famille et soigner son épouse Marthe, atteinte de tuberculose.
La Villa trocadéro anciennement dénommée « villa graciosa », construite en 1863 sur le modèle d'un chalet suisse par l'architecte Paul Régnauld. C'est l'un des premiers chalets locatifs de la Cie des chemins de fer du Midi. De taille majestueuse, elle fut transformée en 1900 et habillée de bois ouvragé (lucarne, pignon). Furent ajoutés un balcon faisant le tour de la villa avec balustrade ouvragée une véranda au RDC, éléments qui évoquent les maisons coloniales aux Indes. L'escalier latéral en bois a été remplacé par un escalier central de pierre à balustrade. C'était le lieu de rendez-vous de la colonie russe d'Arcachon.
Nous traversons le parc et prenons l’allée Victor Hugo, puis l'allée Rebsomen bordées de très belles demeures.
La Villa Sigurd conçue en 1862 par Paul Regnauld, elle prend le nom de « Nadine » à l’origine, renommée « Shakespeare », puis « Vélasquez » en 1889 et enfin « Sigurd » en 1903, du nom d’un Opéra représenté à Paris en 1885. Totalement transformée et reconstruite en 1895 par l’architecte Marcel Ormières.
La Villa Theresa datant de 1882. Son premier propriétaire connu était un artiste peintre irlandais du nom de Lewis. Elle a failli être démolie vers 1970, largement pillée, ayant été laissée à l'abandon après le décès de son dernier propriétaire Blavy en 1928. Depuis 1980, elle est inscrite à l'ISMH (Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques). La villa est devenue l'hôtel Sémiramis jusqu'en 2003 avant d'être transformée en résidence d'appartements très haut de gamme.
Nous prenons ensuite la direction du Parc Mauresque où trônait le Casino Mauresque, oeuvre de l'architecte Paul Régnauld et de Jules Salesses qui en avait exécuté les travaux en 1863. Il était la reproduction de l'Alhambra de Grenade et sa partie supérieure s'inspirait directement de la mosquée de Cordoue. Il n'en reste plus rien, l'édifice ayant été ravagé par un incendie en 1977. Une maquette est présentée sous verre à l'entrée du parc.
Nous poursuivons notre balade dans les allées pour découvrir d'autres curiosités :
La Villa Faust, construite en 1862 selon les plans de Gustave Alaux pour le compte de la Compagnie du Midi. elle porte le nom de l'opéra de Charles Gounod qui remportait un grand succès à la fin du XIXème siècle.
La Villa Bremontier construite en 1863 par la Compagnie du Midi d'après les plans de Paul Regnauld. Salesses et Le Thieur en furent les entrepreneurs qui l'agrandirent dès 1866. Elle comportait neuf chambres de maître. C'était le plus prestigieux des chalets de location. On l'identifie facilement grâce à sa tourelle où est logé l'escalier d'accès aux pièces d'habitation. Cette villa bien entretenue est devenue une co-propriété.
La Villa Craigcrostan, construite vers 1880 est de style néo-palladien. Son propriétaire écossais, Lair Mac Gregor, avait acheté la villa Eugénie toute proche qu'il avait rebaptisé Glenstrae. Cette villa fut le lycée d'Arcachon (annexe du lycée Montaigne de Bordeaux) du début de la seconde guerre mondiale à 1949, date de l'ouverture du lycée climatique, pouvant accueillir plus d'élèves, situé également en ville d'Hiver. C'est désormais une co-propriété de plusieurs appartements.