Il a fallu se lever tôt en ce jour de la Saint Jean. Départ de Bordeaux à 7h30 précises pour respecter le timing. En cours de route, pour nous dégourdir les jambes et nous réveiller tout à fait, le club avait préparé une petite collation toujours appréciée.
Destination : l'ïle d'Aix pour un avant goût de vacances. Enfin une belle journée pas trop chaude, bien tempérée. C'est bon de prendre la mer, de respirer l'air marin, même si la traversée fut courte, à peine 20 mn depuis Fouras.
Avant d'embarquer pour l'île d'Aix nous avions prévu de nous arrêter à Rochefort en espérant apercevoir la réplique de "l'Hermione" la frégate mythique sur laquelle Lafayette a embarqué en 1780 pour rejoindre l’Amérique.
Parlons un peu de ROCHEFORT : 4 siècles d’histoire. Au XIe s. Roca-Fortis située rive droite de la Charente. Ville nouvelle du 17e s.,
la ville profite de sa situation tout près de la Rochelle au Nord, Royan au Sud, Saintes au Sud Est.
Au début : un château dominait la Charente, quelques chaumières au cœur d’un marais.
Louis XIV décida la création d’un arsenal de guerre capable de construire rapidement une flotte pour rétablir la puissance maritime de la France et favoriser le commerce avec les colonies du Royaume. Rochefort bénéficiait d'une Position stratégique, protégée par les îles et à l’arrière par la Charente.
Colbert de Tenon le neveu du ministre et gouverneur de la province confie le projet à Blondel, ingénieur du Roi pour la marine et Cleville commissaire général des fortifications. L’arsenal voit le jour en 1666. La zone de marécage qui était un inconvénient fut asséchée lors de sa création.
La ville fut réalisée sur un plan en damier. Les remparts furent érigés en 1689
Le 19e s. connut une période de croissance. C’était la ville la plus peuplée du département en 1860. Elle profita de l’arrivée du chemin de fer. On vit la création de bassins à flot.
1927 : fermeture de l’arsenal. Environ 500 navires y furent construits. Le port ne peut plus accueillir les grands cuirassés à cause de son faible tirant d’eau. Problème d’envasement constant de la Charente. A partir de ce moment –là la ville décline.
La ville reste largement associée au domaine militaire.
1916 : un centre d’aérostation est créé, ainsi qu’une école d’aviation et une base aérienne.
1938 : la destruction des remparts s’achève, le centre ville s’ouvre sur les faubourgs.
La seconde guerre mondiale laisse un arsenal dévasté.
En 1974 : « le contrat ville moyenne » amorce une politique de réhabilitation de l’habitat. De nouveaux équipements voient le jour, ainsi que des projets pour la réutilisation des bâtiments délaissés par la marine. C'est la perspective d'un nouvel essor pour la ville.
EX. la corderie royale ruinée est restaurée. 2 anciens bassins du port sont désenvasés, puis transformés en port de plaisance.
Aux marins ont succédé les gendarmes. Longtemps associée à une ville de garnison, Rochefort est aussi synonyme de ville culturelle. Elle est classée
« ville d’art et d’histoire ». Richesse historique, architecturale et culturelle. On y compte pas moins de 10 musées, dont le plus connu et le plus visité, le musée Loti situé dans le cœur historique de la ville, caractérisé par son exotisme (maison natale de l’écrivain). Pierre Loti en fit un lieu de théâtre.
L’HERMIONE : la frégate de la liberté
Nous ne l'avons pas vu comme cela.... mais comme ci-dessous...
Au travers du grillage...
Elle fut construite en 1778 sur le chantier de Rochefort. Sa construction dura 11 mois (au total 35000 jours de travail)
Petite déception en arrivant, car il a fallu se contorsionner pour apercevoir ce joyau, qui reste jalousement gardé et préservé des regards....
Une équipe de passionnés reconstitue depuis 1997 ce bateau mythique, celui qui a permis à Lafayette en 1780 de traverser l’atlantique pour rejoindre le Général Washington en Amérique ; Grand navire en bois témoin de la puissance maritime française. C’est l’engagement des hommes des « lumières » qui a conduit à l’indépendance de l’Amérique. Lafayette a convaincu le Roi Louis XVI de soutenir Washington et ses « insurgents » afin qu'ils gagnent leur indépendance. Celui-ci l’envoya en mission secrète sur une puissante et rapide frégate « l’Hermione », commandée par le Chevalier de la Touche (la traversée dura 28 jours). Son rôle était d’informer le Général Washington du détail des renforts militaires et financiers qui vont lui être acheminés. La frégate ayant rempli brillamment son rôle pendant cette campagne connut d’autres missions notamment en inde, mais moins prestigieuses. Triste fin : La frégate sombra sur les récifs du Croisic.
La Fayette représente un symbole. « Pour que la vive la liberté, il faudra toujours que les hommes se lèvent et secouent l’indifférence et la résignation » Il a été l’un d’eux.
La reconstitution de cette frégate fut un défi technique et humain. Il s’agissait de retrouver le travail des charpentiers, forgerons, voiliers,… en respectant les techniques d’origine. C’est la plus grande réplique d’un navire traditionnel jamais reconstruite en France (66 m de long). Le but est de conserver la mémoire d’une grande aventure de solidarité entre les hommes et de faire revivre l'histoire navale de Rochefort.
2012 est une année charnière de cette reconstitution. 19 Mars : 1er contact du bateau avec l’eau. La mise à l’eau s’est faite de façon progressive dans la forme double qui a vu sa construction, sur plusieurs semaines, afin de permettre au bois de prendre un peu d’humidité, de dimensionnement et de vérifier l’étanchéité de la coque. 185 m3 / heure d’eau pompés dans la Charente ont été nécessaires soit 3900 m3 au total. Les mâts sont déjà arrivés. Le plus grand est long de 27,1m et pèse 5t3 composé de 7 pans en bois massif (pin d’Oregon). Il faudra environ 3 à 4 ans de travaux pour que l'ensemble soit achevé.
La corderie royale : le joyau de d’arsenal de Rochefort et la plus longue manufacture d’Europe au 17e s. (374m)
Posée sur un radeau de poutres de chêne pour pallier l’instabilité d’un terrain marécageux. Confection de cordages de la longueur d’une encablure soit 200 m. Elle fabriqua des cordages pour la marine française jusqu’en 1867. L’apparition des câbles d’acier rendit son activité obsolète. En 1944 un incendie déclenché par les allemands la détruisit partiellement. Elle fut restaurée de 1976 à 1988.
L'ILE D'AIX :
Après cette courte escale à Rochefort, cap sur l'Ile d'Aix, autre petit joyau au coeur de l'archipel charentais, nous y découvrons le charme de ses petites maisons basses aux volets colorés, bordées de roses trémières. Déjà flotte un parfun de vacances.
Embarquement imminent
L'île d'Aix en vue...
219 habitants, les aixois. Superficie de l’île 1,19 km2. Altitude maxi 15 m. 3 km de long, 700m de large.
L’île fait partie du réseau « village de pierres et d’eau » depuis 2011. Ce label permet de promouvoir des sites exceptionnels.
Elle est située au cœur du Pertuis d’Antioche entre l’île d’Oléron et Fouras, à l’extrémité Nord–Est de l’embouchure de la Charente.
Son activité essentielle : l’ostréiculture, le tourisme ; Elle est très appréciée des amateurs de nature et de tranquillité.
Un peu d'histoire :
1067 : Isembert de Chatelaillon fait don de l’île aux moines de Cluny.
12e s. : elle représente un site stratégique pour l‘Angleterre qui la dispute à la France
1692 : Sous les instructions de Vauban, des fortifications furent édifiées pour défendre la Rochelle, Rochefort, Brouage et l’embouchure de la Charente.
Durant la guerre de 7 ans, les anglais s’en emparent et détruisent les remparts (restaurés par la suite)
1794 : Certains des prêtres réfractaires furent enterrés sur l’île, morts sur les tristement célèbres pontons de Rochefort
11 & 12 Avril 1809 : Bataille de l’île d’Aix.
Napoléon constitua le blocus continental. La flotte anglaise bloque les ports de l’empire.
Napoléon mit en place une escadre (11 vaisseaux et 4 Frégates) pour seconder les Antilles menacées (approvisionnement et renforts). Les anglais, profitant des vents et de la marée laissent dériver vers les navires français une trentaine de brûlots. Pour éviter d être brûlés, les navires dérivent vers l’estuaire ; La plupart s’échouent dans la vase. Les anglais n’ont plus qu’à canonner à bout portant. Ce fut un désastre pour la flotte napoléonienne qui ruina les efforts des français pour secourir les Antilles.
Un autre fait marquant de l’histoire, Napoléon séjourna dans l’île du 8 au 15 Juillet 1815, avant de quitter à jamais la terre de France. C’est ici qu’il embarqua pour le Royaume Uni ; mais sa destination finale sera Ste Hélène …Le souvenir de l’empereur plane encore dans les murs du musée Napoléon et la place d’Austerlitz.
Cette belle journée a attiré la foule et le ferry déverse déjà des flots de touristes venus pour quelques heures goûter au charme insulaire, à pied ou à vélo.
Chacun était libre au gré de ses envies de sillonner l'île. Au départ, nous partîmes assez groupés pour pique-niquer sous les arbres, face à la mer. Vrai moment de détente et de sérénité. D'autres dégustèrent des huîtres. Michou peignait. Au fil des heures les groupes s'effilochèrent. Chacun trouvant son centre d'intêrét :
L’église St Martin : c’est au XIe s. que l’histoire de l’île commence réellement avec la fondation de l’église et du prieuré St Martin. Mutilée, elle se limite à l’ancien transept et une petite absidiole, une crypte romane du 11e s. Restaurée de 1964 à 1971 couverte d’une voûte d’arêtes, portée par une série de 14 colonnettes aux chapiteaux ornés de motifs floraux, rares témoignages du premier art roman saintongeais.
Le musée Napoléon qui fut ouvert au public en 1928 après sa restauration par le collectionneur Baron Napoléon Gourgaud (au-dessus de la porte on peut lire: « à la mémoire de notre immortel empereur Napoléon 1er 15 Juillet 1815. Tout fut sublime en lui, sa gloire et ses revers et son nom respecté plane sur l’univers ». En 1933 : don à l’état de 52 Pendules anciennes remises par le baron, arrêtées à l’heure de la mort de Napoléon (le 5 Mai 1821 à 17h49).
Le musée africain et sa collection zoologique et ethnographique. Créé aussi par le Baron ( dans le cadre de la fondation de la « société des amis de l’île d’Aix)
La maison de la nacre, musée privé qui révèle tous les secrets de la vie des coquillages et le travail de ce matériau.
La visite du fort Liédot, dans le nord de l’île imaginé par Napoléon 1er. Remarquable illustration de l’art de la fortification.
Le fort a servi de prison (Communards en 1871, soldats de l’armée impériale russe en 1917, l’incarcération du 1er Président de l’Algérie Ben Bella, de 1959 à 1961. (à cette époque-là 150 gendarmes surveillaient l’île). Il fut cible d’expérience de tir, colonies de vacances de l’armée. En été spectacles et manifestations diverses sont organisées. Sa masse imposante est impressionnante.
Batterie Jambet (au Nord-Ouest de l’île) : fortification où on découvre le rôle militaire de l’île d’Aix dans la défense de Rochefort et de son arsenal.
Ou tout simplement respirer le parfum iodée au gré de ses pas. Admirer au détour d'un sentier les reflets verts de l'océan, au loin La Rochelle, marcher le long de la plage ou se baigner comme Michèle...
Dernière flânerie pour admirer les roses trémières
Mais il fallut rentrer. Dommage ! nous commencions à nous laisser bercer par la douceur insulaire de ce petit croissant de terre...
Personnages célèbres : Choderlos de Laclos. Affecté sur l’île en 1779, il fit construire la poudrière (tout près de l’église)
L’écrivain Georges Simenon qui y séjourna l’été 1927
J'embrasse très fort Françoise qui a été l'instigatrice de cette belle destination.
Samedi 30 juin : RDV au Porge (pour ceux qui se sont inscrits) pour notre dernière rencontre de la saison.
A bientôt
Michèle L.